Fils d'un designer, Bong Joon-ho s'épanouit d'abord au ciné-club de l'université de sociologie de Yonsei à Séoul avant d'étudier le cinéma à la Korean Academy of Film Arts. Démontrant déjà ses talents de cinéaste, son film de fin d'études est sélectionné aux Festivals de Vancouver et de Hong Kong. Fort de ses débuts internationaux, il tourne son premier long métrage en 35mm, Barking Dog, où son humour empreint de sarcasme le révèle auprès de l'industrie cinématographique coréenne. C'est toutefois en 2003 grâce au thriller Memories of Murder, sur l'affaire non résolue du premier tueur en série coréen, qu'il connait un véritable succès commercial et critique dépassant alors les frontières de son pays.
Il confirme son talent en 2006 avec The Host, où il mélange habilement le film de monstre, la chronique familiale et la comédie satirique. Egalement teinté de réflexion écologique, le film est présenté à Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs et consolide au passage la renommée internationale du réalisateur. Une renommée qui lui permet de participer au triptyque Tokyo ! en 2008 dans lequel il offre sa vision de la mégalopole japonaise aux côtés de cinéastes confirmés comme Leos Carax et Michel Gondry.
Bong Joon-ho nous offre ensuite Mother, le touchant portrait d'une mère tentant de prouver l'innocence de son fils, accusé de meurtre. Projeté à Cannes dans le cadre de la sélection Un Certain Regard, le film bénéficie d'un bel accueil critique. Prouvant une nouvelle fois son éclectisme, il se penche dès lors sur Le Transperceneige, l'adaptation de la bande dessinée post apocalyptique créée par les Français Jacques Lob et Jean-Marc Rochette. Pour ce projet ambitieux, il s'entoure d'un autre grand nom du cinéma coréen s'imposant autant en son pays qu'à l'étranger : Park Chan-wook, qui assure le rôle de producteur. Cette co-production tournée en majorité en langue anglaise affiche un casting cosmopolite, composé de Chris Evans, Jamie Bell, Tilda Swinton, et son acteur fétiche, Song Kang-ho.
Quatre ans plus tard, il tourne une nouvelle co-production internationale, cette fois pour Netflix, intitulée Okja. Présentée au Festival de Cannes en compétition (créant au passage la polémique quant à la légitimité d'un film destiné à une plateforme de streaming), cette histoire d'amitié entre une petite fille et une sorte d'énorme super-cochon permet au cinéaste d'évoquer des thématiques comme l'élevage intensif et la maltraitance animale, et de livrer, à l'instar du Transperceneige, une satire du capitalisme.
Revenu dans sa Corée du Sud natale, Bong Joon-ho confirme qu'il est devenu un cinéaste incontournable avec Parasite (2019). Cette lutte des classes opposant deux familles remporte la Palme d'or au Festival de Cannes, une première pour un film coréen. Le long-métrage fait l'unanimité auprès du public et de la critique, et ce à travers le monde. Son triomphe s'achève aux Oscars, où il reçoit les prix du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original, du meilleur film en langue étrangère et du meilleur film.
Il faudra attendre 2025 pour découvrir son œuvre suivante, Mickey 17. Portée par un Robert Pattinson dans un double rôle, cette fable mêlant SF, humour noir, satire politique et grand spectacle confirme le talent de son auteur pour le mélange des genres et les ruptures de ton.